Trop, c'est trop !! Césars, Oscars, Awards, nanards, vantards, et si j'étais grossier j'ajouterais connards, sauf que je ne suis pas grossier (mais le coeur y est). Pourquoi cette ire ? Comment, vous ne savez pas ? Le film "The artist" a fait un tabac aux Césars, aux Oscars, aux je ne sais plus trop quoi. Cocorico !! Les superlatifs pleuvent comme à Gravelotte. Jean Dujardin, obscur saltimbanque de la série culcul "Un gars, une fille", des navets "Brice de Nice" ou "Lucky Luke" projeté sur le devant de la scène avec un Oscar et voilà toute la médiacratie en ébullition. Il faut dire que le parcours de Loulou prenant une collation assis sur la cuvette des WC, pantalon aux chevilles(scène vue dans "Un gars, une fille") jusqu'aux lumières d'Hollywood a de quoi surprendre. Impossible d'ouvrir un poste de télé, une radio ou un journal sans tomber sur un monceau de flagorneries et de coups d'encensoirs. On a ouvert la boîte à superlatifs.

   Et on ne fait pas dans le raffiné : le récipiendaire, Oscar à la main s'exclamant :"PUTAIN ! Génial ! Merci beaucoup !"( "La réplique restera dans les mémoires" dixit le Figaro, c'est dire le niveau...), une humoriste faisant de l'humour au kilomètre tous les matins à la radio s'écriant "On a NIQUé Brad Pitt et Georges Clooney !". Outre que ce mot est choquant dans la bouche d'une femme, si moche soit-elle, c'est traiter par le mépris des artistes qui ont d'autres références.

   Car enfin, on s'extasie pour quoi ? Certes, je n'ai pas vu ce film, mais les médias nous ont inondés de rushs qui permettent de se faire une idée. Le scénario ? banal, a déjà été traité par le passé. Les décors ? Bof....Les dialogues ? Il n'y en a pas, vu que c'est un film muet (et c'est tant mieux); oui, on a économisé un dialoguiste car de toute façon Michel Audiard, Francis Blanche, Marcel Pagnol et autres ne sont plus disponibles...Le jeu des acteurs ? Ils en font des tonnes comme c'est de règle dans le cinéma muet, tout juste une pâle copie de Laurel et Hardy. Pour moi, le meilleur, c'est le chien....

   Mais, me direz-vous, pourquoi un tel succès tant en France qu'aux Etats Unis ? En France d'abord : le comique de patronage, gesticulations et pitreries à la clé, a la faveur du bon populo au rire gras fleurant la bibine et des bobos distingués qui trouvent la chose délicatement rétro. Quant aux States, ils ont toujours la nostalgie des gags de Laurel et Hardy, de Buster Keaton ou des Marx Brothers et le distributeur du film ne s'y est pas trompé qui a fait avaler à ses compatriotes que c'était en réalité un film américain avec des acteurs français. Bizness, bizness.

   D'ailleurs, question succès en France, il faut relativiser. Sorti plusieurs mois avant "Intouchables" qui a fait 19 millions d'entrées, "The artist" n'en est qu'à un peu plus de 2 millions. C'est léger, non ? Alors une bonne campagne d'intoxication pour encourager les gogos à courir voir le film n'est pas de trop. Il faut rentabiliser, n'est-ce pas ?

   Et voilà le grand dadais qui se considère déjà comme l'égal des plus grands et prend un melon pas possible. Interviews, autographes condescendants, sourires aseptisés, jouant des sourcils, faisant le modeste mais pétant d'orgueil et se payant le luxe de caliner Merryl Streep. "Qu'est-ce qu'Hollywood va faire de moi ?" dit-il . Personnellement j'ai ma petite idée...

Les coups d'encensoirs pleuvent de toutes les rédactions, de toutes les radios, de toutes les télés. Ah ! Yannick Noah n'a qu'à bien se tenir ! Cet autre saltimbanque, personnalité préférée des français (selon le sondage du Journal du Dimanche, ce qui relativise la performance), va devoir céder la place.

Drôle de société que la nôtre, où la culture se tire par le bas. Tiens, cela me fait penser que l'inénarrable PPDA postule pour un fauteuil à l'Académie Française. Rien de moins !! Comme dirait Madame Michu, les bras m'en tombent des mains ! Plagiaire et académicien, ça aurait de la gueule, non ? Et pourquoi pas Bigard, tant qu'on y est pour ses oeuvres impérissables que sont "le lacher de salopes", "les pets" et "les crottes de nez" ? Tout fout le camp ma bonne dame !

 Pour en finir avec cette parenthèse cinématographique, je voudrais revenir sur le succès sans précédent (ou presque , car il ne faut pas oublier "Bienvenue chez les Ch'tis") des "Intouchables". J'ai eu l'occasion de visionner le film. Je vous avoue que j'ai zappé au bout de 20 minutes. Tout commence par une course poursuite avec la police. Un Omar Sy virtuose du volant ridiculise des flics caricaturaux avec la complicité tacite d'un bourgeois tétraplégique. Puis retour en arrière avec les entretiens d'embauches où on voit défiler un lot de bons franchouillards plus beaufs que nature avant qu'un qu'un élégant et dynamique produit coloré des banlieues illumine l'écran de sa présence. Là j'ai compris d'où venait le succès et je n'ai pas poursuivi car nul doute que tout le reste est de la même veine.. Là aussi tous les bobos se sont extasiés. Omar Sy a squatté tous les plateaux de télé, François Cluzet un peu moins, bien sûr...Pensez ! 19 millions d'entrées en quelques semaines ! Cela méritait bien un César. Mais point de nominations aux Césars naguère pour "Bienvenue chez les Ch'tis",trop gaulois, même si Kad Mérad apportait sa petite note exotique.

Imaginons le scénario d'"Intouchables" inversé : Un fils de bonne famille bien gaulois embauché pour assister un vieil ouvrier immigré tétraplégique....Le film n'aurait pas tenu une semaine.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi je plains la culture française...